Programmer à la Bulle Café avec Sam Nolin – Interview

Habituellement discret sur son travail de programmateur pour la Bulle Café, Sam Nolin a bien voulu jouer le jeu de l’interview pour Cerbère Coryphée. L’occasion d’évoquer avec lui sa passion pour la musique, son apprentissage sur le tas du métier de programmateur et ses moments marquants à la Bulle.

Like a rolling stone

Depuis combien de temps es-tu programmateur ? Comment as-tu appris ce métier ?

Depuis 2009. Les premiers concerts que j’ai organisés c’était avec Folk Ad Hoc, qui est maintenant devenu Ah Bon ? Productions, dans la cave du Drugstore Café. J’ai beaucoup appris via cette expérience et aussi en fréquentant le Caf&diskaire que ce soit pour négocier les prestations d’un groupe ou accorder l’agenda d’un artiste avec celui d’une salle d’accueil. Tout ceci m’a permis de développer du bon sens, c’est le maître mot. Le fait d’être sur le terrain et d’observer permet aussi de pouvoir être réactif en cas d’imprévu et de s’adapter facilement à toutes situations. Pour ce qui est de l’accueil des groupes, nous accueillons chaque personne de la même manière, il n’y a pas de privilégiés. 

Ta passion pour la musique a commencé avec quel·le·s artiste·s ?

Je posséde un t-shirt des Rolling Stones pour chaque jour de la semaine. Je mentirais donc si je répondais autre chose que : Mick, Keith, Ronnie et Charly.

Comment gères-tu le planning d’une saison entre tes programmations et celles en collaboration avec des associations ?

Il n’y a pas vraiment de logique ni de quota : si le projet est intéressant et que le calendrier le permet, nous faisons en sorte de faire tout ce qui est possible pour organiser une date.

Comment se déroule une collaboration type avec une association pour programmer une date ?

Les associations me contactent et me proposent leurs projets. Ce ne sont pas forcément que des concerts d’ailleurs. Cela peut aussi être des Dj Set ou des ateliers par exemple. Les gens avec qui je travaille connaissent à priori mes goûts, ce qui permet d’aller assez vite, droit au but. On se partage beaucoup de musique entre nous pour réfléchir aussi à des projets ensemble.

 

Angèle en compagnie de l'équipe de la Bulle dont Sam Nolin (deuxième en partant de la droite)
Angèle en compagnie de l’équipe de la Bulle dont Sam Nolin (deuxième en partant de la droite)

Passion & profusion

Avec internet, on est face à une profusion d’artistes émergents et il faut savoir être sélectif. Comment organises-tu tes temps d’écoutes et de découvertes ? Est-ce que, dès que tu découvres un son qui te plaît, tu te poses la question de la faisabilité de programmer l’artiste qui l’a produit ? Es-tu toujours en mode veille lorsque tu écoutes de la musique ?

Oui, clairement, dès qu’un groupe me plaît, je le contacte très vite. C’est important d’être rapide. Ne pas être réactif, c’est courir le risque qu’il soit programmé par une autre salle ou qu’il y ait une incompatibilité d’agenda. J’écoute quotidiennement de la musique et je suis donc constamment à la recherche de nouvelles choses. Chercher c’est la partie la plus excitante du travail et c’est sans fin. Il y a pourtant quelques chose d’absurde dans le fait de vouloir absolument programmer un groupe qu’on aime alors qu’on en profiterais plus si on allait voir le concert ailleurs. Tout ça c’est de la passion ça ne s’explique pas.

Quelle date a été la plus difficile à mettre en place, que ce soit au niveau des négociations ou des délais pour la préparer ?

Je pense que c’est le plateau Drahla et Peuk. Je voulais absolument ces deux groupes sur la même date mais l’un est d’Angleterre et l’autre de Belgique. Donc ça n’a pas été simple de pouvoir caler tout ça, mais le jeu en valait largement la chandelle. C’était fantastique !

Quelle est la date programmé dont tu es le plus fier ?

Big Joanie. C’est le groupe le plus important du moment selon moi. C’est un honneur d’avoir pu les faire jouer. Ce groupe ira loin, très loin !

 

Church Of Misery aux côtés des membres de la Bulle et de Cerbère Coryphée
Church Of Misery aux côtés des membres de la Bulle et de Cerbère Coryphée

Bulle post-Covid

Pour sa saison 2018/2019, La Bulle avait enregistré, tous événements confondus, un total de 20.000 spectateurs·trices. La saison 2019/2020 aurait pu dépasser ce chiffre s’il n’y avait pas eu le confinement ?

Oui, nous étions clairement sur la même dynamique. La dernière semaine de février fut exceptionnelle (The Legendary Pink Dots, Jeffrey Lewis, Molchat Doma) et représente à elle seule quasiment mille personne.

Comment as-tu géré la période de programmation de concerts assis à la Bulle Café cet été ?

Nous avons commencé par contacter des artistes locaux qui connaissaient bien les lieux pour des questions de logistique évidentes vu le contexte sanitaire. L’idée était que ce soit simple sans pour autant négliger la qualité de ce qui était proposé. Puis nous avons élargi au reste de la France quand la situation le permettait avec notamment Rémi Parson, Nathan Roche, Grand Veymont et Marietta.

Quels sont les événements prévus à la Bulle ? Est-ce que vous envisagez d’organiser d’autres rencontres/dédicaces, showcase ou écoutes d’albums en avant-première ?

Oui, évidemment qu’on l’envisage. Il va falloir une nouvelle fois se réinventer et nous sommes prêts à ça. Nous attendons juste le feu vert. Je pense que l’on pourra au moins faire un concert cette année.

Pour finir, tu peux nous citer un concert Cerbère Coryphée qui t’as marqué à la Bulle ?

Un seul c’est vraiment compliqué. Il y a eu tellement de belles choses : Church Of Misery, Molchat Doma, Ecstatic Vision, Minami Deutsch, Trash Kit, Molto Morbidi, Be Forest, Ouzo Bazooka, Taxi Kebab, Daisy Mortem… Autant pour la qualité de leur prestation que de l’ambiance qu’il y avait dans la salle. C’est toujours mieux quand les gens sont sympas, qu’il y a du monde et que le groupe est à la hauteur des attentes. Parfois, il y a l’after en bonus aussi. Un groupe comme Ecstatic Vision est venu plusieurs fois. La première, c’était le jour de la finale de la coupe du monde. Fatalement, cela crée des liens et une confiance s’installe. Quand les groupes reviennent et connaissent le lieu ils jouent a domicile. Lors de leurs second passage rien ne pouvez mal se passer et et la soirée fut dantesque.

Propos recueillis par Florent Le Toullec

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